En 1993, l’oncle de l’autrice est pris dans un guet-apens alors qu’il prenait part à une mission humanitaire en Bosnie. Alors que ses camarades pensent qu’ils vont être exécutés, ils se mettent à courir, sauf lui, qui est abattu en premier. Deux seulement reviendront. Plus de vingt ans plus tard, l’autrice évoque ce destin absurde, cette irruption de la mort dans l’enfance. Parallèlement, un homme, Lui, qu’on devine être le fantôme du défunt, lui fait écho. Jusqu’à ce que les deux personnages se rejoignent et qu’elle absorbe symboliquement ce qu’il reste de lui : son histoire.
C’est peut-être la pièce la plus aboutie de Francesca Garolla qui se confronte ici, à travers une tragédie personnelle, à l’universalité du deuil. Son écriture impressionniste, volontairement hésitante, comme si elle cherchait à reproduire le cheminement de sa pensée à destination des spectactrices.teurs, se charge d’un enjeu supplémentaire. Le dispositif scénique, assez proche de sa première pièce, Fils de personne, constitue un défi remarquable pour les actrices-teurs qui voudront s’en emparer.