De quoi aurait l’air une société débarrassée du crime ? Pour faire face à la violence et aux assassinats, une communauté met en place une norme nouvelle : tous les cent jours, une seule et unique mort doit avoir lieu. La victime et le bourreau sont choisis par leur propre famille, celle-ci ayant préalablement été désignée par « le Hasard, la Providence et l’Administration ». Et tous s’exécutent au nom du maintien de l’ordre. Un jour, le sort désigne la famille Toledo. Il faut alors déterminer qui sera la victime, qui sera le bourreau. Seule Sara, l’une des sœurs, ne pourra pas voter, car elle travaille pour faire vivre le foyer.
Toute la pièce repose sur un paradoxe : si le meurtre est, par essence, hors la Loi, prétendre l’institutionnaliser relève du simulacre. Les personnages font alors comme si l’acceptation de celui-ci était naturelle, ce qui confère au texte une dimension à la fois dystopique et comique.
Dans cette pièce qui repousse les limites de la fiction pour questionner cruellement le réel, l’humour n’est pas absent, bien au contraire, mais il affleure dans sa version la plus noire. Fabio Rubiano Orjuela, en effet, poursuit ici son exploration des sombres passions humaines.