T1 nous raconte la non-histoire de quatre jeunes, entre 20 et 30 ans, qui diffèrent leur passage au statut d’adulte et tentent de s’accorder un sursis dans le monde de l’adolescence. Sara qui n’aime pas son emploi et vient d’emménager seule. Albert, son petit ami hypocondriaque. Vasco, son voisin de palier qui attend Laura et promène des morceaux de poulets, et Chico, ami d’Albert, chômeur optimiste et squatteur invétéré. Et c’est aussi l’histoire d’un décor (un appartement/quatre appartements), envisagé comme personnage, qui commence par une forme et se termine par une autre, et dont la transformation n’est jamais manifeste, mais plutôt suggérée.
Dans T1, José Maria Vieira Mendes nous propose un regard sur sa génération. Une génération qui a une manière bien à elle de voir, de percevoir, d’agir, de parler, d’aimer, d’interpréter la réalité, d’inventer des mondes, des codes linguistiques ou de partager des goûts musicaux. Une génération où se forgent des micro-groupes qui engendrent des valences et suscitent une forme d’être-ensemble où prévalent des valeurs dionysiaques et le temps du présent. Quatre jeunes se côtoient sur scène en traînant leurs contradictions, leurs désirs, leurs peurs, leurs errances intérieures. Quatre interstices d’existence humaine avec une vérité morale et sociale non-vérifiable, non figée, non explicitée qui posent la question de l’identité et de leur place dans le monde. L’espace, le T1, donne non seulement son nom à la pièce comme il en est le thème principal. L’espace physique comme matrice où le dedans et le dehors se mêlent, mais aussi l’espace du corps où la frontière entre l’intérieur et l’extérieur se dilue et où les notions de mutabilité et d’élasticité sont toujours présentes, ne serait-ce que dans le discours. Ainsi, avec une écriture synthétique, infinitive qui tend à une résorption du sens, José Maria Vieira Mendes nous dépeint un univers bizarre, troublant, lynchien où des murs tombent, où l’on sert des cafards avec le thé, où les rues sont désertées par les personnes mais où sont présentes des chèvres, où l’on pleure les mardis et jeudis, où l’on n’a « pas encore l’âge d’être la mère de sa mère » mais où, qu’elles que soient les circonstances, « il est plus facile de rester que de partir ».