La pièce traite de la vieillesse, de l’oubli et de la mort. Karine, personnage principal, est une ancienne artiste aux propos acerbes et acérés, clouée dans son lit - a priori dans un hôpital. Elle fait penser à Winnie de Beckett dans Oh les beaux jours. Elle monologue - mais elle n’est pas seule : elle s’adresse à un homme, Gérard, qui évolue dans la pièce auprès d’elle, et qui garde le silence - son mari ? Au fil des séquences, elle divague, perd la notion du temps, veut se raccrocher à quelque chose, lui fait des reproches et des excuses, lui dit aussi son attachement et ses regrets. Elle couve des souvenirs, mais prône aussi le pouvoir du rêve, de l’art et de l’imagination.
Elle se meurt mais elle a toujours l’appétit et le désir d'un enfant. Ce n'est que lorsque la femme cesse enfin de parler - immobile, comme morte - que lui prend la parole. À son tour, il lui reproche son égoïsme et ramène l’existence à son minimum d’intérêt.
Une pièce très forte, radicale et assez dure. Abordant un sujet difficile, Rob de Graaf n’édulcore pas son sujet et évite les écueils du pathos ou du mélodrame. Un beau défi pour une actrice mûre, et un acteur qui sache porter les silences, et des enjeux de mise en scène intéressants.