Trouvez-moi une pierre morne est une mosaïque de la vie d’un homme qui se trouve derrière sa fenêtre en observant la ville. Son expérience du deuil avec tous les minuscules mouvements de l’âme que cela provoque, efface toute hiérarchie émotionnelle qu’on instaure habituellement quand tout va bien. L’auteur semble nous dire que le vrai changement intérieur est intimement lié avec la mort. Il s’agit d’un monologue – sans intrigue aucune – qui tente de cerner la vie dans sa globalité, pour relativiser la disparition d’un être cher. L’homme se livre à un exercice d’acceptation presque bouddhique et nous nous fondons allègrement dans la lenteur de son observation. Ce qui fait naître une compréhension mélancolique de la condition humaine, mais aussi un humour irrésistible. Trouvez-moi une pierre morne dont le titre est également la réplique d’un père à ses deux fils, les incitant à chercher de la beauté dans ce qui paraît ennuyeux à première vue, est un voyage immobile, une sorte de kaléidoscope de l’existence.
Ce texte zen est imprégné par l’empathie de son auteur Rik van den Bos. C’est sa patte d’auteur non-spectaculaire mais farouchement singulière qui rend la pièce Trouvez-moi une pierre morne très à propos pour une approche sensitive du théâtre qui laisse rêveur. Il y a quelque chose de profondément attachant dans son univers, une conscience presque féminine, dans ce qu’elle possède de concrète quant à l’assimilation des détails de l’existence a priori insignifiants et pourtant vitaux.