Wolfgang, la deuxième pièce de Yannis Mavritsakis, s’inspire d’un événement réel dont la révélation a fait scandale en Autriche l’été 2006. Il s’agit de l’enlèvement de Natascha Kampusch alors qu’elle avait dix ans et son enfermement chez son ravisseur huit ans durant, la plupart du temps dans une cache de 5 m². Wolfgang et Fabienne, les héros de la pièce, apparaissent piégés dans un inéluctable rapport de dominant/dominé. Ils sont tous les deux victimes d’une méfiance du masculin envers le féminin généalogiquement transmise, qui traduit ici un dégoût général pour le monde actuel « sale, immoral, inhumain »... C’est ce dégoût qui isole Wolfgang de son environnement et qui le fait mépriser toute vie ordinaire, jusqu’au point de ne pas hésiter à la détruire. Son Voisin, le père de Fabienne, bête et arrogant dans son bonheur de vie « normale », constitue en ce sens la victime parfaite. Mais la cible de Wolfgang n’est ni ce dernier ni sa famille, c’est, d’une certaine manière, la vie de famille en soi. Avec la construction souterraine où il enferme Fabienne, il résiste à la déception quotidienne, au mensonge, à la barbarie de la vie courante.
Texte lauréat de la Commission nationale de l’Aide à la création de textes dramatiques 2010.