Né à Barcelone en 1963, Carles Batlle est considéré comme l’une des figures majeures de la dramaturgie catalane apparue dans les années 1990, aussi bien par ses réflexions théoriques que par son œuvre théâtrale. En 2003-2004, il effectue une résidence d’auteur au Théâtre National de Catalogne et dirige jusqu’en 2009 l’Obrador, espace d’expérimentation et de création au sein de la Sala Beckett de Barcelone. Il est actuellement professeur d’écriture et de littérature dramatique à l’Institut del Teatre et à l’Universitat Autònoma de Barcelona où il dirige le doctorat en arts scéniques.
En rupture avec le drame conventionnel, Carles Batlle développe une écriture permettant d’aborder l’actualité vivante sans céder pour autant au pseudo-réalisme d’un « théâtre-réalité ». Dans son œuvre, la forme dramatique — vouée non point à l’imitation des apparences mais à la quête de vérité — est constamment déconstruite pour faire émerger une théâtralité labile et mouvante, d’autant plus humaine qu’elle se situe à la croisée du politique et de l’intime.
Depuis 1994, Carles Batlle est ainsi l’auteur d’une quinzaine de pièces. Parmi celles-ci, on retiendra Tentation (2003), où il aborde la question on ne peut plus cruciale du phénomène de l’immigration dans le monde occidental pour mettre en lumière les scandaleuses inégalités entre un Nord opulent et un Sud paupérisé. Les personnages sont confrontés à leurs pulsions les plus noires de sorte que la pièce explore la complexité du rapport à l’Autre. Dans Transit (2005), Carles Batlle évoque la crise identitaire qui caractérise notre époque postmoderne. Construite à la manière d’un patchwork donnant à entendre les pensées les plus intimes de personnages en transit, l’œuvre pose la question de l’identité et de la mémoire, évoquant ainsi les contradictions d’une Europe hésitant entre conflit et réconciliation. La problématique de l’identité individuelle et collective, thème central du théâtre de Carles Batlle, réapparaît aussi dans Oublier Barcelone (2008), pièce pour laquelle il reçoit le Prix Born. L’œuvre interroge les représentations socioculturelles d’une ville vouée à l’amnésie collective, où erre une faune de personnages désenchantés, incapables de se projeter en un espace urbain dominé par la dénégation et le mensonge. Dans cette pièce à la fois rhapsodique et polyphonique, le décor s’érige en personnage pour rendre compte de la mutation identitaire que connaît aujourd’hui le monde occidental.
La plupart des pièces de Carles Batlle ont fait l’objet d’une publication et d’une création en Catalogne. Plusieurs ont été traduites, publiées et mises en scène en espagnol, allemand, anglais, italien et français.
Combat (1995) – Les veus de Iambu (1998) – Suite (1999) – Oasi (2001) – La pilota i la formiga (2003) – Temptació (2004) – Trànsits (2005) – Oblidar Barcelona (2008) – Zoom (2012) – Mètode Tremendo de dramatúrgia cartomàntica (2013) – Perseu (2016) – Nòmades (2017)