« L’interprète du texte est une femme ».
Telle est l'indication qu'Ivan Viripaev inscrit en préambule au monologue d'un septuagénaire, meurtrier sadique qui poignarde son voisin, décapite un clochard sous un pont, démembre un prêtre qui lui a donné refuge puis dévore par amour une infirmière dans l'hôpital où il est interné.
Ce texte qu'on pourrait au premier abord percevoir comme un cri choquant de désespoir se transcende en une épopée contemporaine. C'est un rare exemple de prose moderne (on ne peut pas dire que Juillet soit une pièce dans le sens littéral du terme) mis sur scène, où le théâtre, ayant la langue parlée pour seule arme, refuse obstinément de céder le moindre pouce de terrain. Au lieu de cela, il libère un flot textuel bouillonnant de fureur, qui ne progresse pas de façon linéaire mais cyclique.
"Viripaev a écrit un texte qui explore les complexités d'une psyché humaine brisée. Il ne tire aucune conclusion et n'émet aucun jugement de valeur. Les mots jaillissent de la bouche (de l'interprète) à une vitesse casse-cou. Le texte de Viripaev est poétique dans la forme comme dans l'esprit, en ce sens qu'il saute au-dessus des causalités et des explications logiques. Il fournit des éclats d'émotions et d'images qui nous touchent moins par ce qu'ils énoncent que par la façon dont ils retentissent et nous sont donnés à entendre".
John Freedman, Moscou Times