« Ce n’est pas si simple à expliquer, Robert. »
Intérieur jour. Mark, Joseph et Elena se taisent. Puis s’interrogent. Ils se parlent, se disputent, doutent de la présence d’un certain Markus chez l’un d’eux. Ils s’interpellent, conversation ordinaire, pleine de doutes, d’allusions, ponctuée de provocations et de rires francs entre bons amis. Ils s’appellent entre eux Robert, Donald ou Sarra. Et là tout se complique. Où est la vérité ? Ils évoquent leur psychothérapeute, ils téléphonent aux proches, ils enquêtent, contre-enquêtent. Ils veulent faire la lumière sur les présences des uns chez les autres. Le comique de situation vire au cauchemar existentiel, théâtre d’aujourd’hui aux rapports dynamités. […] Dialogue brillant, piège théâtral qui rend fou, Les guêpes de l’été débute en comédie de salon pour s’acheminer vers la tragédie métaphysique. Elle interroge la place de l’individu dans l’univers face à l’absence de Dieu. Ils sont pendus au téléphone, morts de rire, émoustillés par l’alcool et autres substances, ou dévorés par une inquiétude qui les dépasse : les membres du trio cherchent la vérité. Hilarante mais désespérée aventure humaine. Pierre Notte
La pièce est fondée sur la forme repérable de la comédie sentimentale façon série TV américaine (tous les ingrédients y figurent : prénoms anglo-saxons, classe sociale des personnages, conversations insipides, usage abusif du téléphone, suspicion de mensonge au sein d'un couple...). L'auteur s'en empare pour la détourner, en jouer au delà des limites de l'absurde, la poussant vers un improbable ailleurs où des disputes plus essentielles et plus globales se formuleront d'abord insidieusement (notions de réalité, de vérité, de croyance, de responsabilités individuelle et collective, de normalité, de rationalité...). Le travail rythmique de la langue agencé par l'auteur est basé sur la synonymie, la répétition, la variation, l'aporie. Il entretient ainsi une tension jusqu'au paroxysme qui prendra la forme d'une partie de chatouilles et de fous rires.