La pièce commence par la lecture d'une lettre de l'auteur adressée à l'équipe de création « dont les spectateurs doivent prendre connaissance ».
Elle détaille le processus d'écriture. Il s'agit à l'origine d'un projet de long-métrage cinéma sur la base documentaire d'entretiens longuement conduits par l'auteur, en divers points du globe, auprès d'une sélection de personnes ayant eu contact avec des extraterrestres. La production n'a pas abouti. Ivan Viripaev n'a pas voulu « que ce matériau se perde » et il a « décidé de le proposer au théâtre ».
Neuf personnages-témoins vont donc se succéder pour rapporter, en monologue face public, les détails de leur expériences.
Le dixième et dernier personnage est l'olligarque russe qui a finalement renoncé à financer le film de Viripaev, il explique ses raisons, pour finalement conclure :
Viktor Rizenguevitch - […] C'est pourquoi je pense que, à vrai dire, cela ne vaut pas le coup qu'on dépense notre temps à distinguer ce qui est effectivement réel dans ce monde de ce qui ne l'est pas ? L'essentiel est que nous devons comprendre que la réalité existe. Et la réalité, elle est seule et unique. Et je vais vous la montrer tout de suite. Je vais vous montrer là tout de suite ce qui représente dans toute cette histoire une chose véritablement réelle. Et maintenant, la voilà.
Viktor Rizenguevitch se tait. Il se tient debout et il se tait. Pause. La pause doit durer autant de temps que nécessaire.
Dans UFO (comme – et pas comme – dans chacune de ses pièces) Ivan Viripaev élabore et orchestre une nébuleuse selon un modèle dramaturgique dont la particularité précise est d'être à la fois provisoirement rigide et intrinsèquement mou.
Dans cet univers, en construction et en dissolution, les répliques s'affirment pour mieux être contredites. Les mots sonnent, à la fois confus et clairs, communs et singuliers. Ils varient pour mieux se répéter...
Et c'est au grè du souffle, favorable ou contraire des acteurs, que fourmillent des poussières intelligibles. Des échos identifiables qui, combinés entre eux, composent un volume de sens dont la dynamique est expansive.
La gageure est de préserver la mobilité de cet état de suspension, en approche et en éloignement, pour qu'elle offre, c'est le vœu de l'auteur, à chaque spectateur la liberté d'agglomérer l'oeuvre en une figure qui lui soit propre, agréable et utile.
Voir l'article T.Moguilevskaia - « Ivan Viripaev : creuser l’écart entre le corps et la voix pour un théâtre d’aporie » in “Où est ce coprs que j’entends” Des corps et des voix dans le théâtre contemporain, sld. Sandrine Le Pors et Pierre Longuenesse, APU (Artois Presses Université), octobre 2014, pp.193-205.