Helena Tornero est née à Figueras en 1973. Mais c’est à Port-Bou qu’elle a passé son enfance. Plus précisément dans le bâtiment de la gare de cette ville frontière. Comme elle le dit elle-même, pour un enfant, ce n’est pas la même chose de sortir de chez soi et se retrouver dans la rue, que de sortir de chez soi et tomber sur des voies ferrées. Et ce qui pourrait paraître anecdotique s’avère peut-être fondamental dans le parcours de l’auteure. Les rails invitent l’imaginaire à suivre le chemin vers l’ailleurs. La frontière, elle, avec ce qu’elle sous-entend d’interdits ou de différence est une porte que l’on choisit de garder fermée ou d’ouvrir en grand. Helena Tornero l’a ouverte, s’intéressant d’abord au tourisme, au voyage. Une voie toute tracée.
Plus tard, installée à Barcelone, elle décide de passer le pas, d’ouvrir une nouvelle porte, de se consacrer entièrement à l’écriture qui, depuis l’enfance, l’occupait. Elle se forme alors à la mise en scène et à la dramaturgie à l’Institut del Teatre de Barcelone, puis commence à travailler comme auteure et metteuse en scène, actrice, chanteuse, scénariste, traductrice de théâtre et professeure d’écriture et de littérature dramatique. Depuis les années 2000, elle a écrit plus d’une quinzaine de pièces de théâtre. Certaines sont montées dans des lieux de référence comme le Festival Temporada Alta (Suplicants, 2008), le Teatre Lliure de Barcelone (You’re pretty and I’m drunk, 2011), le Mercat dels Flors (Una conferència ballada, 2016), sans oublier le Teatre Nacional de Catalunya (No parlis amb estranys, 2013 et El Futur, 2019). Au-delà de la Catalogne, elle a également signé le livret d’un opéra, Je suis narcissiste, créé en 2019 au Teatro Español de Madrid, et ses textes sont aussi joués dans différents pays comme l’Angleterre (Ahir (Yesterday), au Theatre Uncut, Londres, 2012), la Turquie (Love & fascism, qu’elle co-écrit avec Giannina Carbunariu, Linda McLean et Yesim Ozsoy, au Festival d’Istanbul, 2014), la Suisse (Vingt-trois avril mille-six-cent-seize à partir des pièces de Shakespeare, au Théâtre Pitoëff, Genève, 2016, l’Autriche (livret de l’opéra disPLACE au Musiktheatertage, Vienne, 2015).
Le théâtre d’Helena Tornero est politique. Son engagement l’est aussi. Elle est membre fondateur de PARAMYTHÁDES, un groupe d’artistes de la scène qui dirigent des ateliers de danse, théâtre et musique dans des camps de réfugiés en Grèce. De ces ateliers naît le texte de KALIMAT (2016), à partir de témoignages de réfugiés du camp de Nea Kavala, qui a été mis en lecture au Teatre Nacional de Catalunya, et Trees never get tired (2017), joué en Grèce, à Polikastro, par une troupe composée à la fois de grecs et de personnes en attente du statut de réfugié, originaires de Syrie, d’Irak, d’Erythrée et de Somalie.
Le regard décidément tourné vers le monde, Helena Tornero a intégré le projet européen Fabulamundi. Dans ce cadre, elle a participé déjà à plusieurs éditions de La Mousson d’été et La Mousson d’hiver en tant qu’auteure (F/M : devil is alive and well, Mousson d’hiver, 2018, traduit par Laurent Gallardo), animatrice d’ateliers d’écriture, et y a dirigé des lectures.
Sa dernière pièce, Demà, a été créée en février 2020 à la Sala Beckett à Barcelone.
Parmi ses œuvres, on peut citer El Vals de la Garrafa (Prix Joan Santamaria, 2002), Les Madames (Artenbrut, 2003), Submergir-se en l’aigua (Prix SGAE 2007), Suplicants (Temporada Alta 2008), De música i d’homes (Tantarantana, 2009), Apatxes (Prix de Théâtre 14 d’Abril, 2009), De-sideris (2010), You’re pretty and I’m drunk (Teatre Lliure, 2011), Mein Kapital (2012), Sota l’ombra d’un bell arbre (2012), Ahir (Theatre Uncut, Londres 2012), No parlis amb estranys (fragments de memòria) (Théâtre national de Catalogne, 2013), Búnquer (Festival Grec, 2013) et Love & fascism (Festival de Théâtre d’Istanbul, 2014).