Marco Baliani est né à Verbania, au bord du lac Majeur, en 1950. En 1975, il fonde la compagnie Ruotalibera après avoir mis un terme à ses études d’architecture et à la militance politique au sein de la gauche extra-parlementaire. En rupture avec le « théâtre d’art », il met à profit ses missions de travailleur socio-culturel pour développer une esthétique nouvelle de la narration. Au fil des années 1980 et 1990, il devient le maître incontesté du théâtre-récit sur lequel il pose une réflexion subtile, qui interroge plus globalement la place de l’artiste dans une société marquée par le post-politique et la post-modernité. Il publie par ailleurs plusieurs romans à partir du milieu des années 2000. De lui, ont été traduits en français et publiés aux Éditions de l’Amandier Corps d’état, sur l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges, et Kohlhaas relecture d’un fait divers allemand précédemment raconté par Heinrich Von Kleist. Le premier texte a été mis en voix et radiodiffusé par David Lescot. Le second a connu ces cinq dernières années pas moins de trois mises en scène en France et en Suisse, par Julien Kosellek, Gilbert Ponte et la Cie Ligne 46.
L’interrogation qu’il pose sur le recours à la violence pour réparer l’injustice a donné à cette histoire une résonance complètement nouvelle, au voisinage du mythe. Loin de se cantonner au monologue, Marco Baliani a aussi travaillé sur des œuvres chorales, aux confins de l’héritage antique et du théâtre de rue (Antigonenellacittà), du théâtre et de la performance (L’attore nella casa di cristallo), et avec Pinocchio nero a orchestré un stupéfiant aller-retour Italie-Nigeria à un chef d’œuvre de la littérature enfantine. Sur plus de quatre décennies désormais, son travail peut être vu comme une interrogation constante sur les combats de notre époque, sur le rapport entre esthétique et éthique, sans aucune vision moralisante ou posture sacerdotale. Il est l’une des figures incontournables et de référence du théâtre italien.
Kohlhaas (traduction Olivier Favier) – Corps d’État, l’affaire Moro (traduction Olivier Favier)